Je referme le dernier livre de Christophe André avec une pointe de mélancolie...Je pense qu'il reflète bien les "états d'âme" de notre cher auteur lui-même, adepte d'une psychologie positive, mais peut-être aussi tourmenté que ses patients... Tout y est extrêmement juste, bien analysé, , bien pensé, bien écrit, mais je regrette que le choix des tableaux ne se soit porté que sur des peintures classiques, mettant en scène des personnages extrêmement tristes...
J'aurais aimé y trouver aussi les couleurs de Miro, Kandinsky, Vasarely, Klein, mais l'interprétation et les "leçons" à en tirer concernant l'âme humaine eurent été plus difficiles, voire impossibles... Art trop abstrait, trop symbolique, parfois hermétique...
Entre le Louvre et Beaubourg, il y a un monde !...
Plus je lis Christophe André, et plus je prends conscience des limites de toute "méthode", qu'elle soit médicale voire médica-menteuse, psychologique voire méditative, face aux difficultés et aux souffrances du quotidien.
Lui-même avoue les limites de ses conseils sur son blog... Racontant une anecdote où il n'a pas réussi à mettre réellement à profit son expérience de psychothérapeute averti :
"Dans le train, je repense à ce que je viens de vivre. J’ai beau régulièrement méditer, savoir comment on gère son stress, etc., tout ça ne m’a pas empêché de stresser et de m’agacer. Ni de ressentir de la colère contre mon copain, et de le lui montrer par ma tête et mon silence. Le mieux que j’ai pu faire c’est tenir cette colère et ce stress à distance relative, les empêcher de prendre un ascendant complet sur moi (et de lui faire des reproches inutiles)."
Je trouve que toutes ces lectures qui touchent au développement personnel, au bouddhisme, m'apportent énormément quand je les lis ; j'adhère fondamentalement à tous ces principes, mais dans la vie quotidienne, je ne suis pas sûre d'arriver à les mettre en pratique un jour et surtout au moment où j'en aurais vraiment besoin...
Peut-être faut-il vivre comme les moines bouddhistes, à l'abri de la matérialité du quotidien pour réellement ressentir ce profond détachement à toute épreuve ?
Quoique...les populations asiatiques connaissent au quotidien le pire des conditions matérielles et ne perdent pas pour autant cette incroyable capacité d'acceptation...
(Une grande pensée pour la Thaïlande qui vit et va encore connaître de terribles inondations... )
Peut-être que je fais juste partie de la civilisation occidentale où le consumérisme ne peut que rimer avec individualisme, et qu'il est difficile, voire vain, de parler de méditation et de compassion dans notre société.
"Nous n'avons pas les mêmes valeurs"... mais on peut tenter de s'en inspirer...
"J'épluchais une pomme rouge du jardin quand j'ai soudain compris que la vie ne m'offrirait qu'une suite de problèmes merveillleusement insolubles. Avec cette pensée, est entré dans mon coeur l'océan d'une paix profonde."
Christian Bobin cité par C. André
"Pas besoin de gravir des montagnes. Une pomme suffit."
C. André / Méditer p 266