Depuis la rentrée du 5 mars, j'ai assumé seule, dans ma tête, à l'école,
le verdict qui est tombé le 29 février.
"Vous avez un cancer."
J'ai dénié, j'ai pleuré, j'ai accepté.
Ce choix de ne pratiquement pas parler à mes collègues de mes soucis,
je l'ai fait pour me préserver,
continuer à travailler comme si de rien n'était,
éviter les ragots, les interprétations, les faux semblants.
Il sera grand temps après les prochaines vacances, des réflexions,
des questions, des "ah bon, je ne savais pas, elle n'a rien dit"...
(...ou peut-être même pas ?...)
Il y a 6 ans, j'ai déjà vécu le film...
J'avais subi maints examens d'avril à juin 2006, jusqu'au verdict :
carcinome du poumon à opérer...
( comble de malchance, je n'avais jamais fumé...)
Je suis donc partie le 5 juillet en "vacances d'été"
direction ... l'hôpital,
et revenue à la rentrée de septembre sans que grand monde n'imagine
mon été passé entre séances de kiné respiratoire et soins infirmiers.
L'école me tient mais me prend beaucoup d'énergie.
Les vacances ( comme pour d'autres, le moment de la retraite )
semblent servir à chaque fois pour moi à me soigner, me faire prendre en charge, me réparer le corps à défaut de l'esprit ...
Mon blog m'a fait "rencontrer" des personnes
en qui je donne toute ma confiance pour la suite.
Ce que j'exprime ici, je ne peux encore que l'écrire, pas le dire,
( mais c'est déjà ça...)
J'ai toujours eu besoin d'écrire pour moi plus que d'étaler ma vie à tout vent.
Même si cet espace est lisible en théorie par des milliers d'internautes,
je le sais fréquenté finalement par un petit cercle de personnes qui ont partagé depuis 5 ans mes coups de coeur, mes voyages, mes sourires , un peu de ma vie intérieure,
et qui finalement me connaissent plus que les collègues ou autres parents d'élèves pour qui je garde une image professionnelle.
Le peu de rendez-vous que j'ai eus avec les familles cette année m'a confortée dans l'idée que je ne peux rien faire pour les aider... problèmes sociaux actuels que les medias englobent sous le mot "crise" mais au quotidien, ce sont des parents démunis et des élèves sans repères éducatifs. Je prends régulièrement une heure le soir pour leur donner mon point de vue, des conseils et c'est tout juste si on ne me reproche pas de dire à un enfant qu'il se comporte mal ou, suprême offense, de le punir pour cela !
Les seules satisfactions viennent des progrès réels des enfants. Celui que tout le monde montrait du doigt l'année dernière, "le cas", a été maintenu dans ma classe et parvient aujourd'hui à ne plus taper tout le monde dans la cour et à lire et à écrire des mots !
Dans une semaine, à cette heure-ci, j'en saurai plus sur mon état de santé.
D'ici là, portez-vous bien,
soyez heureux,
et grand merci à chacun de mes lecteurs et correspondant(e)s ...
Vous m'êtes précieux et indispensables.