Cette phrase, vous l'avez entendue dès votre plus jeune âge à l'entrée à l'école...
Et puis le soir, quand vous en sortiez à 16 h 30..."Tu as bien travaillé ? Tu as eu des bonnes notes ? "
Et juste après ... " Maintenant, va faire tes devoirs , tu as du travail pour demain !"
Dans le cadre du salon "Vivre autrement", ce fut le préambule à la conférence d'Olivier Hoeffel, à laquelle j'ai assisté samedi et qui s'intéresse à la Qualité de Vie au Travail :
http://www.lesverbesdubonheur.fr/2013/03/
Vous allez me dire... Encore un qui surfe sur la vague du Bonheur, et qui profite de la fragilité des mal-heureux pour leur vendre quelques bonnes paroles et écrits !
Mais son discours m'a réellement intéressée, car je ressentais très profondément ce burn-out juste avant de "tomber" malade.
Voici donc quelques-uns de ses principes :
http://laqvt.fr/du-bonheur-pour-2013
- Si nous sommes inégaux en terme de prédisposition au bonheur (le poids de la composante génétique est de l’ordre de 50%), l’être humain par ses activités intentionnelles a un potentiel d’influence sur le bonheur tout à fait déterminant (40%). Le bonheur se construit aussi au travail et nous pouvons tous coopérer par notre état d’esprit et nos actions réfléchies en la matière.
- Il faut accepter, mais sans se résigner, qu’il puisse y avoir des moments difficiles, des erreurs et des échecs. L’idée d’un chemin du bonheur sans embûches est tout simplement irréaliste. Non seulement c’est irréaliste, mais en plus les succès se construisent souvent sur les enseignements des échecs; et pourtant nous sommes dans un monde où on a tendance à oublier ce qui devrait être une évidence.
- L’argent ne fait pas le bonheur; néanmoins, le bonheur nécessite un niveau minimum en-dessous duquel il a du mal à trouver sa place. C’est un aspect à bien considérer dans la gestion de la reconnaissance et de la motivation dans les organisations.
- Les relations sociales constituent le premier facteur de bonheur; d’où l’importance de bonnes relations en interne (collègues, responsable hiérarchique, dirigeant, équipiers, …) et avec les clients, usagers, fournisseurs, partenaires, …
- Le concept de flux (ou expérience optimale) décrit l’état d’un individu engagé dans une activité dans laquelle il est complètement investi le temps qu’elle dure. En état de flux, il peut exprimer ses talents et compétences pour un objectif réaliste.
Quelques liens pour approfondir cette réflexion :
http://laqvt.fr/
http://www.novequilibres.fr/qui-sommes-nous
http://olivier-hoeffel.blogspot.fr/
Il me semble que le discours d'O. Hoeffel s'adresse en particulier aux entreprises qui parlent en termes de productivité et de rentabilité.
( L'Education Nationale reste encore au coeur de l'humain plus que de l'argent... quoique la politique d'évaluation à outrance ne va pas avec le respect des rythmes scolaires et humains... )
Mais en croisant ses propositions avec celles de la sophrologue, je peux parvenir à retrouver du bonheur dans l'exercice de mon métier.
J'ai pris conscience qu'il est de ma responsabilité de reprendre le chemin de l'école le coeur léger et non pas à reculons.
* éviter les injonctions négatives de certaines collègues qui critiquent sans cesse leurs élèves, les parents , le directeur, et même les autres collègues en leur absence.
* m'octroyer de vraies pauses-santé, déjeuner tranquillement et marcher sur le temps de midi, au lieu de courir en flux tendu entre la photocopieuse et les cahiers à corriger.
* me créer un environnement serein ( ça, je sais faire... une jolie classe, des tableaux, de la musique douce ) mais peut- être aussi l'alléger de tout ce qui m'encombrait : au lieu de m'inquiéter sur l'état de ma classe quand je vais la récupérer au bout d'un an et demi d'absence, me dire que je vais en profiter pour faire le grand ménage !
* prendre les parents d'élèves comme des alliés potentiels pour l'éducation de leurs enfants, les conseiller au mieux mais ne pas jouer les assistantes sociales, limiter ma responsabilité au domaine de l'enseignement et me décharger du fardeau des problèmes inhérents aux dysfonctionnements que je ne peux maîtriser.
Bref, des petites pistes s'offrent à moi dans la sphère professionnelle également... Je me prépare doucement à reprendre goût à mon métier, parce que c'est bon aussi pour ma santé...
"Le travail peut rendre heureux et être heureux ça se travaille !"
En avril dernier, lorsqu'après la première opération, la chirurgienne m'avait octroyé 1 mois d'arrêt de travail,
je me souviens avoir déjà pressenti que j'aurais besoin de quelques mois de plus pour me reconstruire...
J'avais même dit à la psy de l'IGR que j'aimerais que ce mois pour me remettre de la tumorectomie, se prolonge un petit peu.
Signe du destin et coup de semonce en même temps : un mois après, le protocole me tombait sur la tête :
un an de congé de longue maladie d'office ...je n'y croyais pas, je me demandais pourquoi, je culpabilisais, j'avais honte de cette maladie qui me mettait en quarantaine forcée.
Et puis, les mois passant, j'ai appris tellement de choses sur moi, sur les autres, sur ma Vie, que cette année m'apparaît aujourd'hui comme une année sabbatique, une opportunité humaine, à la limite d'une quête spirituelle, non pas de "Vivre autrement", mais de voir les choses différemment.
Il me reste 5 mois (si le comité médical décide à temps de ma reprise ) pour travailler encore à restaurer ma confiance en moi dans la sphère professionnelle aussi.
J'ai été heureuse de ce métier avant que les conditions de l'exercer et les exigences administratives deviennent si lourdes.
A moi de ne pas chercher à repousser les limites du possible et de l'humainement supportable,
faire du tri là aussi entre les injonctions des technocrates et ce qu'il est concrètement raisonnable d'exiger de mes petits élèves.
"Tout le Savoir humain n'a de valeur que s'il peut nous guider
dans notre conduite pratique."
Epicure