Impatiente résiliente

En ce lundi, certaines collègues font déjà leur rentrée... Le blues n'est pas loin de m'envahir. Tant que je me sentais "en vacances" comme elles, j'évitais de voir le Congé de Longue Maladie poindre à l'horizon de septembre.

Je ne voulais pas (encore) faire un billet sur l'épreuve, mais la résilience m'appelle et j'éprouve tellement le besoin de dire...

Alors encore un dernier petit billet sur ma bouée de secours, la résilience...

J'ai beaucoup de mal à lire Boris Cyrulnik, l'inventeur je crois de cette notion de résilience, car il décrit en termes crus la réalité des "blessés de la vie".

Alors je feuillette, je passe certains passages trop difficiles à lire et je garde en mémoire ceux qui donnent des clés pour espérer...

4ème de couverture :

"Face à la perte, à l'adversité, à la souffrance que nous rencontrons tous un jour ou l'autre au cours de notre vie, plusieurs stratégies sont possibles : soit s'abandonner à la souffrance et faire une carrière de victime, soit faire quelque chose de sa souffrance pour la transcender."

*

"Boris Cyrulnik apporte plusieurs pistes. Selon lui, la résilience est possible grâce à différents facteurs convergents:

-l'action : des êtres qui ont été victimes de catastrophes naturelles ont besoin pour se reconstruire, d'avoir  aidé à la remise en place du chaos.

-la solidarité: à travers plusieurs exemples variés, l'écrivain-éthologue montrent que les gens s'en sortent beaucoup plus lorsqu'ils ont été soutenus moralement par une communauté, que leur malheur a été reconnu comme tel. En revanche, quand les dissensions ont été fortes, la dépression et la chute en avant prennent le dessus.

-la rhétorique: il est important d'avoir pu verbaliser, exprimer ses difficultés et de n'avoir pas été censuré.

En revanche, les placebos ("ce n'est rien du tout") ou les nocebos ("tu n'y arriveras jamais") empêchent le processus de reconstruction du moi et la résilience."

http://www.amazon.fr/Autobiographie-dun-%C3%A9pouvantail-Boris-Cyrulnik/dp/2738121659

 *

Au niveau individuel, je retiens "la rhétorique", l'importance pour moi de l'écriture pour décrire, analyser, comprendre, dépasser la maladie et les états d'âme associés.

 "Les influences du milieu qui facilitent la résilience sont constituées d'une enveloppe affective sécurisante et par des récits qui, en donnant sens au chaos, proposent des conduites pour s'en sortir.

Seule une narration paisible et cohérente, en tricotant mot après mot une intimité partagée, aurait permis une reprise résiliente.

La recherche du sens est un travail quotidien de lectures, de rencontres, de doutes, d'engagements, de plaisirs et de déceptions, qui construit laborieusement une résilience durable."

                                                                                                           Cyrulnik  p 226

A l'inverse, "le déni et le mutisme permettront d'éviter la mémoire douloureuse, mais non de donner un sens à l'insensé. Cette défense adaptative qui évite la souffrance fait taire le blessé et l'isole, l'empêchant de reprendre une place dans la société."

                                                                                                                         p 221

 *

   En conclusion, pour sortir de la souffrance, il faut lui donner du sens et parvenir à le dire. Au début, je me suis imposée le silence, j'avais du mal à parler du cancer, j'ai cherché aussi un bouc émissaire à l'origine de la maladie puis j'y ai mis beaucoup de culpabilité.

A présent, je suis capable de sortir sans me sentir coupable ;  j'oublie presque mon statut de malade pour me sentir "normale", comme toutes les personnes que je croise et qui ont peut-être chacune d'autres blessures à panser.

J'arrive à envisager l'avenir , avec encore du temps offert devant moi pour me reconstruire.

Je puise mes forces dans la lecture au quotidien du blog de Frank Bruno et d'autres aventuriers de la vie, qui ont réussi à ne pas devenir des "épouvantails" sans voix mais  qui ont su faire de leurs fragilités une force de vie.

*

"Ne vous laissez pas anéantir par les tragédies de votre vie"

http://www.nageraudeladesfrontieres.com/index.php

*

"Quoi que l’on vive, on a toujours accès à une rivière de crocodiles.
Ils sont parfois immensément cruels, parfois assez dociles.
La rivière elle-même peut sembler si proche de nous qu’on a l’impression de baigner
constamment dedans, ou si éloignée qu’on l’oublie naturellement.
Mais on a toujours le choix de s’en approcher ou de s’en éloigner.
On a toujours le choix d’aller un peu moins bien ou un peu mieux qu’avant.


Il y a tant de perspectives saines et sereines que l’on peut décider d’adopter à tout moment…
Je ne parle pas ici de pensées positives bonbons qui sont déconnectées de notre
réalité, bien sûr. Non, je pense à des façons de voir les choses qui sont plus
lumineuses, et tout aussi crédibles à nos yeux… des optiques un peu plus larges
qui nous donnent envie de croire en nous et en l’avenir… des intuitions
apaisantes, même réjouissantes, que l’on peut décider de prendre au sérieux.

En fait, on pourrait parler de dauphins… Oui, oui, on pourrait parler
d’une baie remplie de dauphins qui est, elle aussi, jamais très loin! N’est-ce
pas la plus jolie des perspectives? Quoi que l’on vive, on peut donc plonger
dans la rivière aux crocodiles, ou encore aller nager avec ces majestueux
mammifères marins. Oh, je ne sais pas ce que vous en pensez… mais en ce qui me
concerne, il me semble que le choix est facile. ;-) "

                                                        MP. Charron

 http://www.matinmagique.com/

                             Bonne journée !

Comments

[Cathy]

Parfois je me demande comment on peut être plus recentré sur soi que moi ! Et pourtant, on me prête une grande capacité d'écoute. Comme c'est paradoxal, comme j'ai encore de choses à apprendre de ma façon d'être et de mes rêves aussi...

Bisous loin de la Vendée

[Roby]

Très chère Cathy,

Sais-tu que la résilience est également une des caractéristiques des matériaux souvent utilisée par les ingénieurs?

Il s'agit de la faculté d'un matériau à résister aux contraintes brutales.

En fait dans la fable de La Fontaine "le chêne et le roseau" c'est le roseau qui est résilient; il s'adapte aux sollicitations.

C'est un peu la citation de Cyrulnik que tu nous as faite: "faire quelque chose de sa souffrance pour la transcender."

Pour la rentrée prochaine, dis-toi que cette fois tu en éviteras le stress ou la mauvaise répartition de classe qu'on a pu t'imposer et que lorsque que tu reviendras ,tu seras alors apaisée, préparée et plus forte.

Tu auras utilisé tes "vacances forcées" d'abord à bien te soigner mais également à te recentrer sur toi, à mieux te connaitre, à être plus forte.

Je t'embrasse

Un élève appliqué de ton blog :-)

[Cathy]

Aujourd'hui c'est un billet spécial forêt pour la Hutte...des Bois !

Gros bisous

[HUTTE DES BOIS]

et moi petite Hutte des bois je te fais plein de gros bisous c'est pas grand chose une petite goutte dans un grand Océan ....

c'est mardi et il fait gris très gris rien a voir avec le beau ciel de hier pas d'Ami Ricoré et Tralala ... tu m'as bien fait rire ! allez je t'envoie plein de douces caresses pour le Oizo Jaune de la part de son Petit Singe Vert .

[Cathy]

Si tu anticipes la rentrée, c'est que tu as gardé l'envie de t'investir. Je commençais à me lasser de toute cette préparation hors temps scolaire, alors que tant de métiers ont l'esprit tranquille une fois rentrés à la maison.

Mais peut-être pas tant que ça finalement... L'école est un milieu si fermé qu'on ne s'imagine qu'en dehors, le monde tourne avec d'autres difficultés que les nôtres.

J'ai appris à connaître le milieu hospitalier, je n'envie pas le personnel médical qui rentre à la maison avec tant d'images de souffrance physique et morale.

Au moins, pour les enseignants, la fatigue est liée à l'énergie débordante des enfants. C'est la Vie !

Bonne journée, Chab'