Merveille des pronoms
" La grammaire française est précise. Je : une personne parle d’elle-même. Tu : une personne parle à une autre personne. Il : une personne parle à une autre d’une autre personne (absente ou présente). Merveille des pronoms qui fabriquent des malentendus.
Malentendu du je : Je suis…Oui, je peux le dire, mais je ne suis pas pour autrui celui que je suis pour moi-même. Il est à peu près sûr que je me leurre un peu. Ou bien que, me regardant d’aussi près et même du dedans, je louche, je déforme, j’accommode. Il y a bien des choses que je ne me dis pas à moi-même. Et des choses que je communique aux autres sans me les communiquer à moi.
Délicatesse du tu : Tu es…Tu n’es pas pour toi-même celui que tu es pour moi. Tu ne m’entendras pas, tu seras blessé.
Impolitesse du il : Il est…De quel droit parler de lui s’il est absent ? A qui ? Dans quel but ?
On ne peut plus parler sans réfléchir et réfléchir nuit à la fluidité de la parole. On ne peut que demander à l’autre : Et toi, veux-tu me dire qui tu es ? Ou encore : Si je veux apprendre à vous connaître , comment devrai-je m’y prendre ?
Je crois que j’aurais aimé ne jamais cesser de vouvoyer Théo. Oui, m’embarquer de ses bras vers le plaisir, et lui dire vous, instaurer par ce pronom une courtoisie inusable. "
Alice Ferney