Quand Pascal Bruckner démonte les rouages du "devoir de bonheur",
cela fait descendre de son piédestal une de mes "idoles", le dalaï-lama...
Un peu dur à reconnaître mais un peu vrai, non ?
"En faisant le pari de populariser le bouddhisme pour défendre la cause tibétaine, le dalaï-lama a peut-être commis un contresens : il a réussi à faire du premier une mode en l'adaptant, et en l'édulcorant , il a évacué le second.
Venu d'exil, tel un moine asiate descendu de son Himalaya pour nous révéler des vérités essentielles, porteur d'une histoire et d'une culture extraordinaires et d'une tradition merveilleuse il s'est transformé avec le temps en un gourou mondain, à mi-chemin du conseiller conjugal, du diététicien et du directeur de conscience, prodiguant ses réponses, car il a réponse à tout, avec tolérance et bonhomie.
L'étonnant n'est pas que le dalaï-lama séduise - il a de quoi et la geste tibétaine est aussi fabuleuse que l'occupation chinoise est abjecte - mais qu'il succombe à ce succès avec une jubilation quasi enfantine, avide de toujours plus de publicités, d'estrades, d'entretiens. On est très loin, chez ce prophète cabotin, de l'exigence éthique et historique d'un mahatma Gandhi, d'un Martin Luther King, ces grands apôtres de la non-violence."
P. Bruckner