Il a suffi de quelques mots de présentation de François Busnel, jeudi dernier à La Grande Librairie, pour que j'ai une intuitive, irrésistible envie de partir à la rencontre de Charles Juliet et que j'en sois littérairement, littéralement transportée...
http://www.france5.fr/la-grande-librairie/?page=videos&id_article=6188
"Son œuvre autobiographique, nous en apprend beaucoup sur sa personnalité. Il se voit comme un débutant, se comparant à un « néophyte » dans un passage du livre ou il évoque sa difficulté d'écrire.
D'une manière générale, il a tendance à se sous-estimer. Il se dévalorise, se diminue, car il a, selon ses dires, « une exigence beaucoup trop haute » qui l'entraîne à douter de ses propres moyens et capacités. Il n'a pas confiance en lui, en son talent, et se sent inférieur aux écrivains qu'il admire.
Il s'analyse toujours de manière honnête, aborde fréquemment les difficultés de l'écriture et apporte également une réflexion sur l'autobiographie (difficulté d'exprimer avec des mots ce qu'il ressent et douleur causée par le rappel de certains souvenirs)."
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Juliet
"Je parle en effet souvent de cette voix silencieuse, qui murmure en chacun de nous. Mon travail d’écrivain consiste à me mettre à l’écoute de cette voix. Le poème est une fulgurance qui m’est souvent dictée. Dans le silence, la solitude. Parfois, au cours d’une insomnie j’écris dans ma tête une longue page que je retrouve le matin dans ma mémoire. J’écris beaucoup en marchant, et je parle mentalement tout ce que j’écris. Tout est parlé, le rythme est essentiel, et ce rythme je n’ai pas à le chercher, il s’impose à moi."
http://nathan-cms.customers.artful.net/nathan/revues/nrp/site-college/2010/11/08/charles-juliet-rencontre-dautomne/
Hier après-midi, j'ai adoré me plonger dans .
Rien que le titre et le sous-titre me parlaient : "Lettres à une amie lointaine "... car j'aime par-dessus tout les récits épistolaires...
...La poésie aussi, et les journaux intimes... Avec Charles Juliet, je suis comblée !
Le soir même, je feuillette donc et je me prends à noter des dizaines de pages qui me touchent, me parlent, me correspondent...
p. 301... Une astrologue a étudié son thème :
- Né sous le signe de la balance. Ascendant scorpion. Jeunesse douloureuse, difficile.
- Vous êtes un être de sensibilité. Chez vous, tout est commandé par les émotions et l'affectivité.
- Imagination très présente dans votre signe.
- Intelligence qui va en profondeur. Capable d'objectivité. Essentiellement tournée vers l'humain. Soucieuse de comprendre, d'excuser, de pardonner.
- Culpabilité. L'agressivité est dirigée contre vous. D'où angoisse. Laquelle entraîne fatigue, épuisement, manque d'élan à vivre. Or être sans envie, c'est être sans vie.
- Ce qui a dominé votre vie dans vos rapports avec les autres : un souci constant de vous effacer, de ne jamais bousculer autrui. Votre besoin d'être aimé était, est, si exigeant qu'il vous impose cette constante attitude de sujétion. Cela vous a partiellement détruit et causé beaucoup de souffrance. Vous ne vous laissez pas exister. [...]
- Vous avez un vif et permanent besoin d'harmonie, de beauté. D'un profond accord avec autrui.
- La planète dominante de votre signe : Vénus, la planète de l'amour.
[...] Si j'écarte de ses déductions celles qui me reconnaissent telle aptitude ou telle qualité, je dois admettre que ce qu'elle m'a dit me semble rigoureusement exact. J'ai même été stupéfait de voir qu'elle avait su déceler en moi des choses que je tiens secrètes et auxquelles il m'est douloureux d'être confronté."
Puis au fil des pages, je découvre avec émotion, ses rencontres avec Nathalie Sarraute qui fit aussi partie de mes "révélations" quand j'étais en fac littéraire, Christian Bobin, et puis des inconnus que Charles Juliet a rencontrés entre 1982 et 1988 et qu'il décrit avec tant de profondeur.
Charles Juliet est né le 30 ( moi, le 28, balance aussi ;-) septembre 1934, un peu plus âgé que mon père.
Mon beau-papa écrit aussi, inlassablement, tous les jours, le journal de la vie, à la lumière de sa petite lampe des années 70... Je suis déjà toute émue à l'idée de lire un jour tous ces écrits.
J'aime ces Hommes qui ont vécu tant de souffrances et de joies aussi mais qui portent en eux une telle modestie, une telle discrétion et une profondeur que confèrent la maturité, l'expérience de la vie et la connaissance de soi-même, si tant est qu'elles ne puissent jamais être abouties...
Des rencontres rares et fortes qui vous transportent et vous accompagnent toute une vie.
( A suivre...)