Entre besoin et envie
"Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée.
Jusqu’au jour où 18.547.301€ lui tombent dessus. "
J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai dévoré en deux soirées. Je me suis attachée à Jocelyn qui tient un blog, tout comme j'avais aimé Mr Spitzweg ( Quelque chose en lui de Bartleby / Philippe Delerm ), simple employé de poste, en passe d'être édité grâce à son blog.
http://kty1963.canalblog.com/archives/2009/08/31/14903079.html
Les héros des romans tiennent des blogs, c'est "tendance" mais surtout révélateur d'une petite r-évolution de notre société, quand des anonymes, des gens simples deviennent quelque peu célèbres grâce au bouche à oreille de la blogosphère.
Je vous invite à lire aussi à ce sujet le joli billet de Célestine (17 septembre... "Tant de façons de parler de soi" )
http://celestinetroussecotte.blogspot.fr/
"A la maison, je relis la liste de mes besoins et il m'apparaît que la richesse serait de pouvoir acheter tout ce qui y figure en une fois, de l'économe à l'écran plat, en passant par le manteau de chez Caroll et le tapis antidérapant pour la baignoire. Rentrer avec toutes les choses de la liste, détruire la liste et se dire ça y est, je n'ai plus de besoins. Je n'ai plus que des envies désormais. Que des envies.
Mais ça n'arrive jamais.
Parce que nos besoins sont nos petits rêves quotidiens. Ce sont nos petites choses à faire qui nous projettent à demain, à après-demain, dans le futur ; ces petits riens qu'on achètera la semaine prochaine et qui nous permettent de penser que la semaine prochaine, on sera encore vivants."
p.127 G. Delacourt
Pour moi qui suis une adepte des listes ( "à faire, à acheter, à ranger, à visiter", etc...), cette histoire si simplement écrite m'a fait m'interroger sur la liste de mes envies..."que des envies" ...
J'ai l'impression que ma vie a basculé ce 29 février 2012. J'ai consacré une première moitié de ma vie à assouvir mes besoins ( un métier, une voiture, une maison, tout ce qu'il faut matériellement pour être bien, des voyages aussi pour apprendre le monde ), et cette deuxième moitié de vie, cet "après", sera sur le mode des envies ou ne sera pas...
Ne plus faire la liste de ce dont j'ai besoin, juste m'appliquer à vivre sans stresser, sans anticiper, sans prévoir, sans programmer, sans vouloir tout maîtriser, juste vivre selon l'envie.
J'ai encore quelques mois de "congé de longue maladie" pour guérir et commencer une nouvelle vie ?
"Qu'on me donne l'envie, l'envie d'avoir en vie..."
" Je ne sais pas ce que c'est que l'ennui. Je peux rester des heures dans l'endroit le plus neutre, une salle d'attente, un hall de gare. Même sans livre à lire, sans journal à feuilleter [...]
je supporte très bien de m’intéresser à un bout de papier peint qui se décolle, une lézarde infime à l’angle du plafond, à la structure métallique des chaises, au désordre des magazines sur la table basse. Je n’en tire pas gloire. Ce blog est pour moi la première occasion de confier cette façon d’être. "
Delerm / Quelque chose en lui de Bartleby / Mr Spitzweg ( p.41)